Ovaires polykystiques

Docteur Marie-Noëlle MENARD

Le syndrome des ovaires polykystiques SOPK ou OPK ou PCOs ou PCO est le trouble de la fonction ovarienne le plus fréquent chez les femmes jeunes en âge de procréer.1 jeune femme sur 15 présente une variante de ce syndrome.

À l’inverse d’idées préconçues ce syndrome n’est pas associer à une « faiblesse » des ovaires mais à leur immaturité se manifestant par une activité anarchique : les ovaires sont ultra toniques – ils sur-fonctionnent de façon désordonnée - et ainsi induisent un trouble de l’ovulation : soit anovulation (pas d’ovulation) soit dysovulation (ovulation de mauvaise qualité et/ou inconstante).

Ce trouble s’exprime le plus souvent chez les toutes jeunes femmes 16-25ans pour progressivement évoluer lentement dans la plupart des cas vers la guérison spontanée après une ou deux dizaines années et une ou plusieurs grossesses.

Les causes sont multifactorielles génétiques, épigénétiques, métaboliques et environnementales. On observe un lien évident de cause à effet entre le surpoids, une alimentation trop riche en sucres chez les jeunes filles et la fréquence de ce syndrome. Mais il y a aussi des jeunes filles minces qui présentent ce trouble souvent alors génétiquement transmis.

La physiopathologie de ce syndrome( l’explication de ce trouble ) est très complexe : des perturbations du fonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophysaire qui est le système qui commande les ovaires ( comme d’autres glandes la thyroïde, les surrénales … )entrainent une dysfonctionnement interne de la « machine » ovarienne : de multiples micro follicules sont bloqués à un stade précoce de leur développement et se répartissent à la surface des ovaires : au cours du cycle il n’y a pas de croissance folliculaire spontanée , s’en suit une anovulation -absence d’ovulation ou une ovulation décalée dans le temps ou de mauvaise qualité (Dysovulation).

Les symptômes du SOPK les plus fréquents sont :
les troubles du cycle avec cycles menstruels longs ( 40- 60jours parfois 1 à 3 période de règles par an ) parfois alternance de cycles longs et courts (<25j) ;
- l’acné du visage et parfois du dos ;
- l’accentuation de la pilosité qui est particulièrement mal vécue par les jeunes femmes s’il s’agit de la pilosité du visage touchant le menton et le pourtour des lèvres :.cette hyperpilosité est souvent présente sur de nombreuses localisations : jambes cuisses maillot avant -bras bas du dos abdomen pourtour des mamelons … ;
- le surpoids ( pas constant)- Peuvent s’associer des signes psychiques ( fatigue, apathie, syndrome prémenstruel parfois sévère pouvant évoluer vers un repli sur soi si la jeune femme ne consulte pas et n’est pas entendue.

Ce tableau clinique est complété par L’échographie pelvienne qui révèle des ovaires micro polykystiques : c’est cet aspect des ovaires qui a donné son nom à ce syndrome : gros ovaires en échographie dont la plus grande dimension passe de 30mm à 50mm voire plus : chaque ovaire est le siège de multiples micro follicules (ou microkystes) de diamètre 4/8mm se répartissant classiquement sous la surface des ovaires. L’imagerie échographique est typique mais pas présente dans 100% des cas.

OPK1       OPK2

Le bilan hormonal – dosages sanguins biologiques hormonaux- est l’élément diagnostique essentiel : par rapport à l’intervalle de normalité les taux sanguins de testostérone plasmatique delta 4 androsténédione plasmatique et de LH sont élevés. On remarque également une élévation très nette de L’AMH (hormone anti mullérienne) qui est « le » marqueur hormonal de la fertilité féminine.

En consultation de fertilité les jeunes femmes SOPK se présentent avec des troubles du cycle et des signes cliniques qui sont réapparus à l’arrêt de leur contraception car les traitements estro progestatifs contraceptifs sont les traitements hormonaux des SOPK hors souhait de grossesse.

Toutefois une patiente sur 3 porteuses d’un SOPK sera enceinte spontanément sans intervention médicale. Classiquement les patientes SOPK ne présentent une infertilité qu’en cas de troubles du cycle -anovulation ou dysovulation.

La prise en charge nutritionnelle est très importante car les chances de succès en terme de grossesse sont réduites chez les patientes SOPK en surpoids si BMI >30 toute méthode de PMA confondues.

Un traitement par hypoglycémiant oral biguanide Metformine est souvent prescrit chez les femmes SOPK obèses 3 mois avant le début du traitement de l’infertilité.

Les traitements hormonaux des SOPK dans le cadre de la prise en charge de l’infertilité sont les inducteurs de l’ovulation.

Dans le cadre d’un projet de grossesse après bilan complet de l’infertilité sera proposé en premier lieu :

Une induction de l’ovulation par Citrate de clomiphène clomid). Ce traitement oral associé à des estrogènes naturels et de la progestérone naturelle est efficace et simple d’utilisation car il ne nécessite pas le monitorage lourd et contraignant des autres méthodes de PMA (procréation médicale assistée). Il est souvent associé à un traitement par Metformine chez les patientes en surpoids et également chez ces mêmes patientes à un complément alimentaire intéressant pour ses propriétés de sensibilisation à l’insuline : Myoinositol).

Si la grossesse n’est pas obtenue après 6 mois de ce traitement , sera proposé en 2ème intention les injections quotidiennes sous-cutanées de gonadotrophines - FSH recombinante dans cette indication – selon un protocole low-dose où les doses de gonadotrophines sont initialement prescrites à petites doses puis très progressivement augmentées pour obtenir une ovulation idéalement mono folliculaire .Un monitorage clinique échographique et biologique est nécessaire afin de bien contrôler la réponse à ce traitement dont la marge efficacité/surdosage est étroite avec des risques de grossesse multiple et d’hyperstimulation ovarienne .

Le traitement coelio-chirurgical par drilling ovarien – méthode qui consiste à perforer la surface des ovaires afin de faciliter la maturation folliculaire et l’ovulation est indiqué dans les situations où les traitements hormonaux ne sont pas réalisables - essentiellement en cas d’impossibilité d’un monitorage strict du traitement - , également en cas d’ovaires particulièrement volumineux et porteur de très nombreux microkystes, par choix de la patiente , et parfois au préalable , avant une induction de l’ovulation , la coelioscopie permettant alors un bilan mécanique utéro-tubaire précieux pour optimiser les chances de grossesse.

La PMA FIV ne sera envisagée qu’en cas d’échec des méthodes précédentes. La réponse au traitement inducteur est excellente en terme de nombre d’ovocytes obtenus. En terme de taux de grossesse, fausse couche et naissance d’un enfant vivant les résultats sont les mêmes que pour les autres groupes de patientes non SOPK Un traitement par Metformine de 3 mois préalablement à la FIV diminue le risque d’hyperstimulation ovarienne chez ces patientes.

Positivement les femmes SOPK ont une meilleure réserve ovarienne et une fenêtre de fertilité plus longue ; tout se passe comme si le SOPK n’était qu’un mode d’expression d’une forme d’immaturité ovarienne qui avec le temps se régule spontanément et évolue vers des cycles ovulatoires normaux persistants plus tardivement que chez les femmes normo-ovulantes. Mais cette vision ne doit en aucun cas changer le timing des traitements de l’infertilité chez ces patientes.

OPK

 

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