Le ressenti du couple

Déborah SCHOUHMANN-ANTONIO

Couple

Le choc de l’annonce de l’infertilité

Ce couple qui désire cet enfant, va au-delà du plaisir lors de leur relation physique, déjà se projeter dans cet enfant à venir ; Les couples veulent un « mini eux », un être fait de leurs deux identités, qui va leur ressembler, mais aussi porter leurs attentes les plus intimes.

Lorsque la grossesse n’arrive pas, les questions commencent alors à se poser… de manière plus ou moins rapide. Evidement la question de potentiels soucis pour procréer va se poser de manière lointaine au début pour devenir plus prégnante au fur et à mesure.  C’est très souvent la femme qui va après quelques mois sans grossesse, décider de faire un point chez son gynécologue pour s’assurer que tout est en ordre.

Comme nous avons pu le voir lors de notre exploration des techniques de la PMA, en cas de grossesse qui tarde, va être proposé au couple d’explorer plus avant les freins à cette maternité, puis en fonction du résultat des examens, seront proposé des solutions médicales. Ces traitements, qui sollicitent le corps mais aussi la vie du patient, ne sont pas seuls à peser sur les hommes et les femmes en quête d’un enfant ;

 En proposant au couple d’être aidé médicalement par le biais de la médecine, est alors fait le diagnostic de l’infertilité du couple.

Ce mot INFERTILÉ, est reçu par le couple comme une gifle. Et sa traduction est : nous avons un problème ! Vont alors se bousculer de nombreuses questions : Pourquoi nous ? comment allons-nous faire ? aurons-nous un enfant ? Cette nouvelle produit donc une sidération au sein du couple, qu’il va falloir tout d’abord digérer puis accepter.

Il est important de souligner que lors de l’annonce, va être poser un diagnostic, mettant en lumière les raisons de cette infertilité. C’est également pour la source du problème un double choc car il « rend » coupable ce dernier ! Il ou elle va désormais porter cette responsabilité. Même si l’amour et la bienveillance règne au sein du couple, peut naitre des non-dits sur la question de l’infertilité. Il y a parfois des doubles discours, celui qu’on tient à son partenaire et celui qu’on entretient intérieurement.

Il est important de prendre en compte que lorsqu’un couple débute une PMA, il a déjà à son actif de nombreux échecs de grossesses. Chaque nouveau cycle menstruel, chaque règle vient marquer le fait que la Femme n’est pas encore enceinte.

L’entrée en PMA va donc générer un formidable espoir pour le couple. En effet, il va permettre à ce dernier de lui donner un coup de pouce pour obtenir le sésame : un bébé. Mais il marque également une nouvelle étape dans ce deuil. Le deuil de l’enfant naturel ; Ce bébé qui arrive sans qu’on s’y attende et que l’on découvre par hasard suite à un retard de règles.

La PMA qui est comme nous l’avons vu si organisé et suivi ne laisse pas de places à l’inconnu. C’est donc avec des sentiments de tristesse, mêlés à l’espoir que les couples débutent les traitements. Ces sentiments ambivalents, vont faire désormais partie de la vie du couple, qui va découvrir les montagnes russes émotionnelles ;

De surcroit, l’espoir que génère ces traitements à chaque tentative, va aussi pousser le couple à se centrer de plus en plus sur la question de la maternité. Les couples vont se mettre à compter et calculer les jours propices à la période de fécondation. Les femmes vont petit à petit apprendre à s’observer. Le moindre signe de grossesse va ébranler le couple, les jours de retard de règles deviennent longs et insupportables.

Le couple va organiser sa vie autour de ce seul évènement ! Les vacances seront calculées en fonction des traitements, ou d’une potentielle grossesse. Les projets cela même qui permettent au couple de se projeter sont parfois reportés ou abandonné au profit du seul projet de l’enfant ; Il n’est pas rare de voir des femmes mettre leur vie professionnelle en stand-by, car elles hésitent à prendre plus de responsabilités ou à changer d’entreprise en vue de la grossesse. Plus le temps avance et plus l’étau se resserre et la vie en dehors du projet d’enfant va être mise entre parenthèse.

Enfin, soulignons l’aspect du regard des autres sur cet échec qu’il soit verbalisé ou non d’ailleurs, mais compréhensible de tous puisque le couple n’a pas d’enfant, devient comme étant la seule chose définissant les couples ! Nous reviendrons sur cette notion plus avant dans le chapitre sur le couple et son entourage.

Il n’est pas rare depuis 2 ou 3 ans de voir des couples qui consultent un thérapeute, juste pour être sûr que faire le choix de suivre un parcours en PMA est le bon choix. Cette question ne se posait pas ou peu auparavant, les couples allez automatiquement en centre de PMA, suivez les traitements, puis en cours de parcours ils s’interrogeaient sur l’envie de continuer ou non. Il n’est pas rare que la question « est-ce une bonne idée de subir tout cela pour avoir un bébé » se pose dès avant les traitements. Non pas qu’ils ne soient pas motivés. Mais le nombre de couples ayant déjà vécus des difficultés lors de leur parcours est grandissant. Et il est fréquent d’avoir dans son entourage proche des amis ayant déjà subi les affres de l’infertilité. Ces nouveaux couples qui rentrent donc en PMA ont déjà eu connaissance d’histoires ou de témoignages sur cette aventure qui peut finir par les mettre en doute.

 

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