Does Repeated Implantation Failure (RIF) exist ?
Edgardo SOMIGLIANA (Italie)
26E COGI (Londres) novembre 2018
Abstract 67.2018
Edgardo SOMIGLIANA a présenté une communication à l’occasion du 26e Congrès des Controverses en Gynécologie Obstétrique et Infertilité (COGI) sur les « Repeated Implantation Failure – RIF ».
Existe-t-il une définition établie et reconnue des échecs d’implantation embryonnaire ?
Il n’y a pas à ce jour de consensus reconnu, mais la plupart des études mettent en avant :
- le nombre d’échecs et de cycles traités,
- la « qualité » des embryons transférés,
soit un critère quantitatif et un critère qualitatif.
Sur le plan quantitatif, la plupart des auteurs admettent qu’après 2 ou 3 cycles de FIV ayant donné lieu à des transferts embryonnaires chez des femmes avec de bons pronostics (âge jeune, grossesses antérieures…), on peut évoquer un problème lié à un RIF.
Mais peut-on discerner le facteur aléatoire d’un échec et les conditions médicales ou de laboratoire méconnues, quelquefois délétères à l’implantation embryonnaire ?
Dans une récente étude, il a été établi que dans une cohorte de patientes dont le pronostic de grossesse était a priori bon (taux de grossesses attendues par FIV de l’ordre de 30%), les probabilités que ces patientes soient « étiquetées » RIF étaient de 85%,
75%, 51% après respectivement 2, 3, 6 cycles sans succès, alors qu’il s’agit probablement d’une cause aléatoire qu’on pourrait qualifier de « manque de chance ».
En d’autres termes, la prévalence du RIF après 3 cycles de traitement est de l’ordre de 23%.
La prévalence du RIF après 6 cycles de traitement est de l’ordre de 16%.
Les auteurs concluent de cette étude :
1/ que la majorité des patientes sont étiquetées à tort comme ayant un problème d’échec d’implantation embryonnaire,
2/ que les bilans pratiqués dans ce groupe de patientes n’amèneraient pas de solution à un problème qui n’existerait pas.
Une telle remise en cause va néanmoins à l’encontre du désir des couples qui, pour des raisons compréhensibles d’ordre médical ou psychologique (comme dans les situations de fausses couches spontanées à répétition), souhaitent que des recherches soient réalisées.
Conclusion
- RIF « does exist » ? : « may be »,
- la prévalence est probablement de l’ordre de l’ordre de 20 %,
- il faut s’accorder sur une définition plus précise basée à la fois sur les caractères cliniques de la patiente (âge, syndrome d’ovaire polykystique, insuffisance ovarienne prématurée…) et du partenaire, sur l’appréciation de la qualité de la stimulation ovarienne et sur les caractéristiques morphologiques ou génétiques des embryons transférés (stade de division, évolution au stade blastocyste, type du transfert embryon frais ou après vitrification).
NDLR (Dr Charles BRAMI)
L’autre problématique, non évoquée dans cette communication, est qu’il n’existe pas à ce jour de consensus sur les examens à réaliser.
Il est nécessaire que les couples aient une information sur les conditions du traitement :
- L’AGE FEMININ
Au-delà de 37 ans, 70 % des embryons « transférables » présentent une aneuploïdie, cette anomalie chromosomique explique en soit un échec d’implantation et le seul moyen diagnostique, non autorisé en France, serait la réalisation d’un test génétique pré-implantatoire sur l’embryon.
- LE NOMBRE D’OVOCYTES RECUEILLIS
Plus ce nombre est élevé, plus les chances statistiques de transfert d’embryons de qualité sont bonnes.
- Etude de GI et all (2013) : sur 2455 cycles de traitement, un nombre moyen de 15 ovocytes recueillis produit un pourcentage plus élevé de grossesses à terme.
- Etude de FATEUMI et all (2013) portant sur 1500 cycles de FIV : un nombre de 18 ovocytes recueillis n’est pas délétère et est associé à une augmentation de grossesses à terme.
- D’autres études évoquent qu’à l’âge de 32 ans, la moyenne optimale du taux d’ovocytes recueillis pour un transfert embryonnaire de qualité est de 7.
Ce nombre optimal moyen d’ovocytes recueillis chez les femmes de 37 ans et plus est évalué à 12.
- QUELS EXAMENS DEMANDER ?
Il n’existe pas de consensus sur le type de bilan à préconiser.
Il est d’usage en France de conseiller :
- une hystéroscopie diagnostique,
- un bilan génétique incluant le caryotype, les recherches de certains mutations d’ordre hématologique (antiphospholipides, mutation du facteur V de LEYDEN, mutation du gêne de prothrombine…),
- une recherche de certains polymorphismes, notamment du gêne MTHFR (les conséquences de cette mutation seront détaillées dans un article de ce numéro spécial de Fertilité),
- une étude plus poussée du spermogramme par l’analyse des taux de fragmentation et du DNA spermatique et de décondensation de la chromatine,
- les études de réceptivité endométriale, soit génomiques, soit immunitaires, sont détaillées dans ce même numéro.