Le ressenti des hommes pendant le parcours de fiv

Déborah SCHOUHMANN-ANTONIO

Il est souvent fait mention de la souffrance et des difficultés que rencontrent les femmes pendant le parcours de FIV. Mais il ne faut pas minimiser la part de souffrance des messieurs qui vivent pleinement ce parcours, et bien souvent également comme une épreuve. 

Il est bien évident que les hommes ne peuvent pas comprendre très exactement la souffrance d’une femme en mal d’enfant. Il n’a pas d’utérus ni d’ovaires et ne connaît pas la sensation physique que peut générer le désir d’enfant. Mais le désir d’enfant est tout aussi prégnant chez un homme. C’est pour lui aussi une étape essentielle dans sa vie, de son histoire avec l’autre et de son désir. 

Lorsque le diagnostique tombe et que le mot infertilité est prononcé l’homme n’est pas moins concerné surtout si la cause de l’infertilité est masculine. 
Chez les hommes la paternité devient réelle le jour de la naissance de l’enfant, elle est présente mais virtuelle jusqu’à ce moment. Tout va se dérouler dans le corps de sa conjointe. 

Le parcours de PMA est aussi un peu virtuel pour les messieurs, dans le sens où ils ne peuvent subir les traitements même si ils sont les porteurs du problème. Il leur faut donc vivre cette étape par le biais du ressenti de leur partenaire, qui va leur décrire par des mots la souffrance physique et psychologique qu’elle ressent. Ce qui ne rend pas les choses évidentes à comprendre ! 

Il faut avoir bien conscience que si les soucis viennent du coté de monsieur, sa virilité va être immédiatement touchée par cette nouvelle. Il est à noter que les hommes font souvent le lien entre fertilité et virilité. Evidement les deux items n’ont pas de liens mais le raccourci se fait presque instinctivement et va entrainer chez l’homme un sentiment d’inutilité, de culpabilité et une baisse de sa libido. 

L’inutilité car il a un sentiment de ne servir à rien dans cette étape du couple si essentielle : la reproduction. Il va se comparer à la qualité de son sperme, se sentir sans intérêt et ressentir un sentiment de médiocrité.

La culpabilité, car il demande à sa conjointe pour palier son problème de subir des traitements lourds et contraignants. 

Une baisse de sa libido, car le sentiment d’inutilité et de médiocrité l’amène à perdre cette envie de partager l’intime avec sa partenaire, ne pouvant lui donnant un enfant. 

Dans le cas où monsieur n’est pas le principal concerné ou pas concerné du tout par une pathologie, son ressenti est différent mais pas moins fort. Les hommes viennent lors des consultations avec des interrogations assez pragmatiques, ils sont plus à l’affut des données chiffrées, contrairement aux femmes qui viennent plus avec leurs émotions. 

Dans le couple, l’homme va souvent jouer le rôle de celui qui rassure, qui calme, qui est le médiateur avec le praticien. Cela ne veut pas dire que les messieurs ne ressentent rien, mais ils arrivent à mettre de coté l’émotionnel, pour faire montre de leur pragmatisme afin de trouver des réponses concrètes. 

L’homme bien moins que la femme va verbaliser ce qu’il ressent. Il réservera son ressenti en de rares occasions préférant donner à sa compagne le visage rassurant et positif. 

Il n’est pas rare d’entendre les femmes dire que monsieur se fiche de ces traitements et de sa souffrance mais il n’en est rien. Mais les hommes peuvent plus facilement se détacher de cette souffrance ne ressentant pas physiquement ce désir. 

La place de l’homme dans le parcours est essentielle, il faut avant le démarrage des traitements que le couple puisse se parler de ce qu’il peut apporter à l’autre. Par exemple, monsieur peut il ou veut il se charger des piqures, des médicaments, des choses plus matérielles dans la maison ….C’est par le biais d’un échange et d’une mise au point que le couple va trouver le meilleur fonctionnement possible pour faire face. 

Il est à noter que se sont souvent les hommes qui parlent d’arrêter les traitements. Non pas par manque de motivation ou d’envie, mais pour ne plus voir souffrir la femme qu’ils aiment et pouvoir retrouver un semblant de vie calme et sereine comme avant les traitements.  

Enfin lorsque les hommes livrent leur ressenti sur la PMA il est fréquent d’entendre des phrases comme « je rêve de jouer un jour avec mon enfant au foot, à la poupée…. Je ne suis pas jaloux des papas que je croise, mais j’ai un pincement au cœur en me disant qu’ils ne mesurent pas la chance d’avoir un enfant !! ».

« Si je n’ai pas d’enfant tant pis, mais je sais bien que nous passons à coté de quelque chose, et je ne sais pas comment ma femme va résister ! Je voudrais tellement qu’elle arrête de souffrir ! Je rêve parfois des jours d’avant notre désir d’enfant la vie était plus simple et notre légèreté totale ! ».

La souffrance de la PMA n’épargne donc aucune des parties du couple. C’est pourquoi l’homme comme la femme doivent apprendre à communiquer entre eux de manière ouverte et sincère. Il faut également que chacun des membres du couple aillent évacuer sa souffrance hors du couple (sport, thérapie, échanges avec des amis,…etc.) pour revenir vers l’autre plus ouvert et plus prêt à être à l’écoute. 
 

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