PMA : Est-on différent à la suite d’un parcours en PMA ?
Pour de nombreux couple le début d’un parcours en PMA est à la fois plein d’espoir mais également une période de deuil à faire concernant l’enfant conçue naturellement. Les couples ont en effet déjà à leur actif de nombreux échecs dans leur essai bébé.
Cette étape de la PMA même si elle signe le début d’une relation à trois entre le couple et la médecine, est aussi un espoir sans pareil pour que ce dernier puisse enfin voir aboutir son projet de maternité. La PMA est souvent méconnue ou incomprise des personnes avant que celles-ci soient entrées dans les traitements. Or ces couples qui débutent un parcours n’ont pas toujours mesurés les difficultés et contraintes qui vont se présenter à eux.
La difficulté à avoir un enfant engendre psychologiquement bien des questionnements et des souffrances. Ne pas réussir à enfanter remet souvent en cause pour une femme sa part de féminité, sa confiance en elle mais aussi son rapport aux autres. C’est pour les hommes la virilité qui sera bien sur ébranlé, mais aussi sa capacité à protéger et rendre heureuse sa compagne.
Plus la difficulté à enfanter sera longue et plus la femme plongera dans un état comme second remettant en cause toute sa vie aussi bien personnelle, amoureuse, ou encore professionnelle et amicale. La souffrance, la tristesse et la colère que ressentent les femmes, se matérialiser quotidiennement par la difficulté à croiser une femme enceinte, à voir des poussettes, à partager la joie d’une amie qui annonce sa grossesse ; Car tous ces moments de vie les renvoient à la douleur de ne pas être mère. L’attente de la maternité devient une mise entre parenthèse de toute la vie. Attendre car il va se passer quelque chose, un nouveau traitement, un nouvel examen… une potentielle grossesse. La vie n’est qu’attente !
Il en est de même pour les hommes, qui exprimant moins leur ressenti, leurs doutes ou colère sont moins lisibles pour les autres. Pour autant les hommes qui pour beaucoup se sentent légitime à protéger leur conjointe se retrouvent bien démuni face à la souffrance de leurs partenaires pour qui ils ne peuvent à leurs yeux rien faire. Ils sont eux même dans une douleur profonde qu’ils ont souvent beaucoup de mal à verbaliser. La place de l’homme dans les traitements est souvent difficile à trouver ne pouvant pas prendre à leur charge physiquement les traitements ni même réussissant à rendre heureuse sa partenaire.
Le regard des autres sur cet échec qu’il soit verbalisé ou non d’ailleurs, mais compréhensible de tous puisque le couple n’a pas d’enfant, devient comme étant la seule chose définissant les couples !
Le parcours et ces étapes, sera donc jalonné de sentiments et émotions très fortes et diverses comme le sentiment d’injustice, la colère, le sentiment de ne pas mériter un enfant donc d’avoir à payer une dette, la tristesse quasi permanente, une forte fragilité…En parallèle de ces émotions négatives le parcours se verra jalonné par d’autres émotions toutes aussi fortes mais contradictoires comme l’optimiste qui permet d’avancer et de surmonter les épreuves, le sentiment parfois d’être inébranlables dans leur parcours, une force intérieur décuplée…
Ce parcours est comme un révélateur. Un révélateur de soi, on s’y découvre dans ces forces et ces faiblesses ; Même si le coté extrême du parcours amène à des émotions extrêmes, il n’en reste pas moins que les personnes infertiles vont se découvrir avec des qualités qu’ils n’imaginaient même pas avoir. La force que demandent ces traitements, l’abnégation, et l’adaptabilité qu’ils requièrent resteront chevillés aux patients. Ces couples qu’ils aient des enfants ou non vont avoir évolué, être différents car ils ont traversé des épreuves difficiles.
Oui le parcours en PMA transforme psychologiquement les patients. Si le bonheur leur est donné d’avoir un enfant, ils n’effaceront pas de leur histoires les mois ou années que cela leur a couté pour devenir parents. Et pour nombre d’entre eux ils ont à cœur de raconter, de partager pour aider les autres en parcours.
S’ils n’ont pas d’enfants, il leur faudra alors inventer une suite à leur histoire, faire le deuil d’une partie douloureuse de leur vie, et construire la suite.