Endomètre et implantation embryonnaire

Docteur Charles BRAMI

The impact of a thin endometrial lining on fresh and frozen-thaw ivf outcomes : an analysis of over 400000 embryo transfers
K.E. LIU, M. HARTMAN, A. HARTMAN. Z-C LUO, N.MAHUTTE – Human Reproduction,
Vol. 33, n°10, 2018

 

Le but de l’article de K.E. LIU et coll. (Mount Sinaï Hospital, TORONTO ; Montreal Fertility Center, MONTREAL – Canada) est d’évaluer l’impact de l’épaisseur endométriale mesurée en échographie endo-vaginale sur les résultats de transferts embryonnaires après fécondation in vitro (FIV) : une diminution d’un millimètre de l’épaisseur endométriale diminue-t-elle les chances de grossesse clinique et à terme en cas de transfert embryonnaire frais (TEF) ou après décongélation (TEC) dans le cadre d’un traitement de FIV.

Analyse de la littérature :

  • Les données de la littérature restent hétérogènes.
  • Il est généralement admis qu’un « endomètre est considéré comme fin » lorsque l’épaisseur est mesurée inférieure à 7 mm ou inférieure à 8 mm au moment du déclenchement de l’ovulation dans les TEF ou avant l’instauration d’un traitement de progestérone dans les TEC.
  • La méta-analyse la plus récente de KASIUS et coll. (2014) portant sur les TEF a montré qu’en dessous d’un endomètre mesuré à 7 mm, les taux de grossesses obtenues étaient plus bas (QR = 0,42. 95 %, CI : 0,27-0,67), mais avec un résultat moins significatif en termes de taux de naissance (QR = 0,38. 95 %, CI : 0,09-1,54).
  • L’étude de LEL TOUKHY (2008) a porté sur 743 transferts d’embryons congelés et a montré des taux de grossesses abaissés lorsque l’épaisseur de l’endomètre était mesurée entre 7 à 8 mm par rapport à une épaisseur de plus de 8 mm.

Cette étude menée au Canada est une analyse rétrospective entre 2003 et 2015, intéresse 33 centres d’assistance médicale à la procréation.
Les résultats ont porté sur les transferts de blastocystes (J5 ou J6).

  • En ce qui concerne les TEF, les auteurs ont analysé l’impact de la mesure échographique de l’endomètre le jour du déclenchement de l’ovulation.
  • En ce qui concerne les TEC, les auteurs ont pris comme critère la mesure de l’épaisseur endométriale soit par rapport au pic spontané de LH, soit à la date de l’introduction du traitement de progestérone.

Résultats :
Les résultats ont porté sur l’analyse de 21.914 TEF et 18.942 cycles de TEC.

  • Sur les cycles de TEF, 87,7 % des patientes présentaient à l’échographie une épaisseur endométriale supérieure ou égale à 8 mm, avec un taux de grossesses cliniques de 43,2 % et un taux de naissances à terme de 33,7 %.
  • Lorsque l’épaisseur de l’endomètre était inférieure ou égale à 8 mm, chaque diminution d’un millimètre de l’endomètre avait pour conséquence une diminution significative du taux de grossesses cliniques et de naissances.
  • Moins de 1 % des femmes ont bénéficié d’un transfert embryonnaire avec un endomètre mesuré entre 4 à 5,9 mm avec, comme résultat, des taux de grossesses cliniques de l’ordre de 25 % et un taux de fausses couches spontanées avoisinant les 20 %.
  • Dans les transferts embryonnaires après dévitrification, 85,9 % des femmes présentaient une épaisseur endométriale supérieure à 8 mm (n = 9.860) tandis que 848 patientes présentaient une épaisseur endométriale mesurée entre 7 à 7,9 mm : les auteurs ne retrouvent pas de différence significative dans les résultats de grossesses dans ces deux sous-groupes, respectivement 40 % de grossesses à terme / 33,3 % de grossesses à terme dans le 2e groupe.
  • Lorsque l’endomètre était mesuré entre 5 et 5,9 mm (n = 80), les taux de grossesses menées à terme étaient de 16,9 %.
  • A noter qu’entre 4 et 4,9 mm, les résultats ne rapportent pas de grossesses évolutives.
  • Les auteurs rapportent également l’importance de l’âge : la probabilité d’une épaisseur endométriale optimale supérieure ou égale à 8 mm était de l’ordre de 89,7 % avant 35 ans, 87 % entre 35 et 39 ans, 83 % après 40 %.

Conclusion :

  • Limitation de l’étude : la majorité des transferts embryonnaires (96 % des cas) a été réalisée à partir d’une épaisseur endométriale « optimale », supérieure à 7 mm.
  • Le nombre de transferts effectués lorsque l’épaisseur endométriale semble inadéquate (inférieure ou égale à 7 mm) est faible (n = 1.200), ce qui nécessiterait une étude sur une cohorte plus importante.
  • Il faut néanmoins noter qu’en cas de difficultés d’obtention d’une épaisseur endométriale optimale, le nombre de grossesses cliniques à terme n’est pas négligeable.
  • L’absence de standardisation des techniques échographiques et l’inévitable facteur « opérateur dépendant » de l’examen restent une source de limitation de cette étude.

Il en ressort néanmoins l’importance de la surveillance échographique dans le monitorage du protocole de fécondation in vitro, qu’il s’agisse de transferts d’embryons frais ou d’embryons après dévitrification.

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